Louis-Léonidas Laventure: une présence
haïtienne
au Canada qui date de plus d'un siècle.
La question de la présence des Noirs
et plus particulièrement celle des Haïtiens ici au Canada a souvent été posée
ces dix dernières années. On parle d'un besoin d'intégration, de communauté en
dérive, de passage transitoire, etc.. La première vague haïtienne s'est toujours
enorgueillie de sa composante académicienne et intellectuelle mais son
exil s'est transformée en immigration permanente. Les apports de ces immigrants
n'ont jamais été qualifiés ni quantifiés. La venue d'une imposante vague de
travailleurs a ainsi été perçue comme envahissante pour les accueillants et
dénigrante pour les aînés de cette immigration haïtienne. La question de souche
est venue hanter et hante encore aujourd'hui les nuits de bon nombre
d'immigrants, même après un deuxième génération. Nous voulons souligner une
présence haïtienne ici au Canada au début des années mille neuf cents avec la
présence de Louis-Léonidas Laventure. Jeune avocat né en 1859 à Port-au-Prince
et admis au barreau en 1892. Il avait milité dans la politique comme secrétaire
auprès du président Salomon de 1881 à 1889. Nommé commissaire du gouvernement en
1890, auprès du tribunal civil d'Aquin et juge en 1892 au tribunal civil de
Nippes. Il démissionna pour briguer les suffrages au niveau parlementaire et fut
battu aux scrutins. Secoué par la nature des critiques de son entourage
politique, sa déception au niveau de la politique haïtienne l'avait poussé à
émigrer. C'est au Canada qu'il avait trouvé une terre d'accueil. Il milita
auprès des Jésuites comme avocat à Ottawa. Combien d'entre nous ont vécu cette
même histoire et, ont contribué à l'évolution du Canada et du Québec! nous en
reviendrons avec des recherches plus exhaustives. (sources : Bibliothèque
Nationale du Québec) Société
26-12-03
Les têtes d'affiche de la
communauté haïtienne du Québec
- Les problèmes sociaux et plus
précisément ceux ceux caractère raciste ont poussé depuis quelques temps, à de
profondes interrogations. Des remises en question dans certains cas.
Pourquoi ces vagues et qui sont les victimes réelles? L'affaire de Me. LeBoutillier,
la dernière en date d'aujourd'hui, vient d'apporter une précision sur la
perception et les préjugés qui sévissent dans la société québécoise. La
communauté haïtienne a clairement été identifiée et citée avec la complaisance
de certains médias à travers des propos peu flatteurs pour ses membres. On a
malhonnêtement situé la communauté haïtienne dans une culture de proxénète.
C'est un lien qui identifie sans équivoque, une relation entre les citoyens
d'origine haïtienne. Ils sont plus de cent milles au Canada, en grande majorité
installés à Montréal, au Québec. Numériquement c'est un fait, Ils sont
identifiés. Cependant, les citoyens d'origine haïtienne se retrouvent-ils dans
leur immigration, à l'intérieur d'une communauté très soudée ou tout simplement,
s'identifient à un fait canadien ou québécois ? C'est de là le véritable
questionnement sur le modèle d'intégration des citoyens de cette
origine. D'emblée nous présentons deux citoyens dont le parcours et les origines
et la génération sont totalement différents mais leur profil est tout à fait
respectable. Dominique Anglade, cadre chez Nortel et présidente de la jeune
chambre de commerce de Montréal et Joseph Jean-Gilles commissaire à la
libération conditionnelle et responsable de Gap-Vie. Deux modèles de fierté, de
persévérance, deux références pour les jeunes.
La genèse de l'immigration haïtienne au Canada avait
le profil de citoyens exilés ou fuyant la dictature des Duvalier et
d'enseignants qui venaient auparavant, appuyer le développement du Québec. Un fort
pourcentage y vivait en attendant le retour très convoité par les exilés. La
classe ouvrière qui a suivi avait fait grandir massivement le nombre de
ressortissants qui pour la plupart gardaient la seule option de la citoyenneté
haïtienne. L'anti-duvaliérisme haïtien était la norme et le point de rencontre
de toute cette migration qui cependant affichait une distinction entre les
intellectuels et cette classe ouvrière qui n'avait cessé de grandir. Grandir
numériquement et démographiquement avec une spécificité particulière: des
enfants naissaient ici au Québec. Une nouvelle réalité prenait naissance pour ceux
qui dans leur fort intérieur savaient qu'ils ne retourneraient plus là-bas.
S'intégrer dans une société qui conservait malgré les apparences, les traces de
profonds préjugés par rapport aux Noirs. L'attitude de la dénégation convenait
le mieux afin de contourner un problème bicéphale: la rigueur du racisme
au Québec et la désespoir de la nation haïtienne. C'est ainsi que le
militantisme haïtien au Canada et surtout au Québec a pris la forme d'une
permanente mobilisation politique contre le néo-duvaliérisme. Une mobilisation
politique qui accaparait toutes les ressources financières, tout le dynamisme
des ressources humaines, et toute la passion citoyenne en faveur d'une
intégration de la société d'accueil. Sans vouloir réinvestir le passé, une tête
symbolique est restée longtemps et a fait figure d'autorité: le père Paul Dejean du BCCHM. Le père Karl Lévêque était lui-même emporté prématurément par un
problème de santé. Paul Dejean l'emporta sur l'illusion du retour et partit pour
Haïti. Depuis lors, le vide de leadership a causé une guerre sans merci entre
ceux qui se revendiquent ce titre et les privilèges qui l'accompagnent. Ce
phénomène a développé un bassin de rétention qui empêchent les ressortissants
haïtiens et les citoyens de même origine, de s'intégrer à la société d'accueil.
Plusieurs profiteurs y font usage de commerce personnel et appellent la
clientèle à mépriser les offres d'intégration des gouvernements qui se succèdent
ici. Ils sont dans
l'activisme communautaire, dans le commerce de détail, dans la radio
communautaire. Ils sont partout, ils appellent à une
restrictive consommation haïtienne au détriment des petites bourses. Cet appel
sans cesse renouvelé démontre la fragilité de cette emprise et l'ouverture de la
clientèle qui se cherche une place au soleil. Un soleil québécois.
Nous sommes
en 2003 et, le profil de la communauté a beaucoup changé, ses intérêts aussi.
Les têtes d'affiches ne ressemblent plus aux traditionnelles activistes
anti-duvaliéristes. La lutte en faveur d'une intégration intelligente a fait
évoluer bien des choses. Les intérêts d'une jeunesse mieux formée ont fait
basculer la balance en faveur d'une intégration rapide. Une nouvelle voie se
trace pour les nouveaux arrivants qui ne cessent de grossir les rangs. Les
intérêts priment sur le partage d'une culture qui serait mal définie. Le fruit
de certaines alliances conjugales ou amicales aura aussi un grand mérite dans la
défense droits et des intérêts des citoyens d'origine haïtienne. C'est en ce
sens que nous avons observé le nouvelle dynamique des têtes d'affiches de la
communauté.
(certaines
photos d'archives ne reflètent pas fidèlement le visage de quelques
personnalités).
Le manque de modèle a souvent été évoqué pour
expliquer la problématique de la délinquance juvénile. On évoque
aussi cette carence pour expliquer une attitude défaitiste, attentiste chez bon
nombre d'entre nous. La réalité dément cette attitude. Nous croyons que c'est un
faux problème car, pour une communauté qui a immigré dans les conditions
précitées, les modèles valorisants, s'ils ne sont pas légions, ils ne sont pas
rares non plus. Il suffit de les situer
dans leur contexte.
Dans la politique : Kettely Beauregard,
Jean Bernier, Ernst Joute,
Nicole Roy Arcelin,
Claudel Toussaint, Gousse, Kéder Hyppolite, André Arcelin, Dominique Olivier, Frantz Benjamin, Pascal Jean-Baptiste, Nathalie Lavoie
Dans le social : Peter Flegel,
Chantale Gaston, Viviane Barbot, Jean-Claude Icart, Ernst Morissette, Jasmyre Polyfort, Emmanuel Charlot, Katleen
Gaspard, Joseph Jean
Gilles, Félix St. Élien, Madeleine Féquière, Marjorie Villefranche, Nirva Bruno,
Thérèse Sévigny, Mercedes Durosel, Marie-Lucie Ambroise, Chaleston Claudianne,
Constantin Charles, Fred Robinson.
Les affaires : Patrice Carénard, Élie André, Ronald Béliard
Les sports : Bruny Surin,
Junior K.
Hyppolite, Patrice
Bernier, Windsor Belotte, Jean Robert Toussaint,
Rudy Dolisca, Junior
Laraque.
Dans les sciences : Samuel
Pierre, Yvette Bony, Félix Duval, Georges
Anglade,
Dominique Anglade, Daniel Holly,
Marc-Yves Volcy, Patrick Charles.
Dans les arts et la culture : Dany Laferrière, Lyonel Laurenceau, Luck Mervil, Anthony Kavanaght,
Don Karnage, Fayol Jean, Stanley
Péan, Frantz Voltaire, Mélanie Renaud, Joël Desrosiers,
Harold Faustin, Mireille Métellus, Harry Delva, Claudie Mompoint, Ricky Pageot,
Victor Éternel, Fritzberg
Daléus.
Justice et immigration : Daniel Dortélus, Jacques Lapomeraie, Edouard Anglade, Pierre Richard
Thomas, Georges Gustave, Patrice Jourdain.
Journalisme et animation : Michaelle Jean, Marianna Murat, Russel Ducasse, Béatrice Noël, Nadine Alcindor, Angelo Cadet, Ralph Boncy, Marc Evans Absalone,
Raymond
Laurent, Steve Jecrois, Rony Délienne.
Nous n'avons
pas la prétention de citer tous les acteurs, la liste est encore très
exhaustive. Cependant, cette liste reflète les
figures les plus symboliques. Ce sont des gens qui, loin d'avoir trahi leur
démarche, sont en constante progression mais surtout qui constituent des ponts
entre la société et la communauté haïtienne du Canada. Ce sont des gens qui ont
su dans certains cas, essayer de corriger leurs petites erreurs, c'est à nos
yeux, un acte valorisant. Il y en a sûrement d'autres mais la mesure de leur
popularité ne nous est pas encore parvenue. Tracer le profil personnel de chacun
de ces acteurs importants serait un travail énorme. C'est en ce sens que nous ne
pouvons nous étendre encore plus. Nous nous limitons aux têtes d'affiches pour
qui les mots évolution et leadership n'ont de sens que dans la pratique de leur
quotidien.
Tracer le profil -. Les Haïtiens d'ici
ont-ils choisi la grande société ou une communauté comme modèle? Malgré la croissance
numérique des citoyens d'origine haïtienne, les mots évolution et leadership
viennent toujours hanter. Doit-on se renfermer dans une simple coquille ou
s'étaler dans toutes les régions du Québec afin de mieux s'intégrer et de
trouver des débouchés au même titre que les autres citoyens? Cette interrogation
termine notre réflexion en guise de conclusion. Société
déc 2003
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