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Réseau de la Communauté Haïtienne Internationale

Sommes Colorés

Histoire, Racisme et Intolérance -  Montréal semble prête pour une traversée peu recommandable à société moderne et civilisée. Alors que le monde entier se tourne ces jours-ci, vers un passé récent pour ne pas oublier les horreurs d'Auschwitz, un tract circule en pleine capitale économique du Québec. Cela coïncide curieusement avec le fait de certains propos désobligeants tenus en onde, par deux personnages publiques à Montréal. Notre rédaction a reçu un courriel qui dénonce le contenu de ce tract qui traite les Haïtiens de propos des plus inquiétants. Le contenu du tract dévoile l'action d'une main cachée, d'une main lâche, d'une main haineuse. Nos informations nous portent à croire qu'il y aurait deux versions dont l'une enrichie de propos d'autant plus haineux que menaçants. L'auteur se rend ainsi coupable d'incitation malsaine. Selon toute apparence, le tract a été repéré à plusieurs endroits à travers la ville. Des centres universitaires n'ont pas été épargnés et, quand cela se produit, la prise de conscience doit être systématique. Ce sont des intellectuels qui ont le plus souvent planifié les génocides comme l'Holocauste. Comment savoir qui est le lâche qui se cache derrière tout ça pour nourrir ce sentiment de haine et de rejet ? Nous reproduisons le courriel dans son intégralité, abnégation faite de la source d'envoi, que nous avons vérifié, pour une question de confidentialité.

 

---- Original Message ----- From: ....... To: Reseau HEM - Sent: Tuesday, January 25, 2005 3:40 PM - Subject: Opération mobilisation !!!! - Voici une lettre qui circule à l’université Mc Gill de Montréal : « Voilà que les animaux haïtiens ont encore réussi à faire parler d’eux par un crime dégueulasse. S’attaquer à quatre contre une handicapée.

 

La lâcheté à un nom : sale race d’haïtienne - Vous êtes pires que des animaux, car eux, ils ne tuent pas gratuitement. On vous a recueillis et vous ne respectez pas la société qui a agi ainsi envers vous; vous ne respectez pas nos lois; vous ne vous respectez pas vous-même. Tout est sale chez l’haïtien : son corps, son cerveau, son âme !

 

En Haïti, même l’ONU se demande si elle va rester là. Et dire que l’on s’apprête à aider ce sale pays. Pourtant, tout le monde sait qu’il n’y a rien à faire là. Le peuple haïtien sera toujours dégueulasse !

De plus, vous osez menacer Claude Poirier. C’est un comble! Quand il dit que vous êtes des crottés, c’est vrai; vous venez de le prouver encore une fois à Montréal –Nord. Qui fait du trouble dans nos rues, le métro, les autobus ?  Les sales crottés Haïtiens. Vous dites que Poirier est raciste. Savez-vous ce qu’est être raciste ? Peut-on être raciste envers des animaux ? Moi je suis raciste envers les Haïtiens, pas contre les Sénégalais, les Camerounais, les Rwandais, les Cubains etc. Car eux, ils sont civilisés. Pas les sales crottés d’haïtiens. On a qu’à voir ce qui se passe dans votre sale pays.

 

Chez vous tout est sale. Votre corps, votre pays, vos rues, vos maisons, votre pensée, votre âme! - Je souhaite qu’une bactérie vous élimine de la terre. On en sera que mieux partout en Amérique. A Montréal, à Miami, à New York; partout la criminalité va baisser si vous disparaissez. - Salut bande criminels crottés !»

Cela nous inquiète au plus haut point, car un discours de cette nature a déjà été entendu aux USA et dans certains milieux ici même au Canada. Cependant, nous ne nous associons pas à la citation du contenu qui accuse des propos qu'auraient été émis par le chroniqueur cité.

 

Si le courriel dit que le tract circulait à l'Université Mc Gill, nos informations nous permettent de croire qu'il a été distribué aussi, à l'Université du Québec à Montréal, au métro Henry Bourassa, etc. Nous avons contacté l'administration de l'Université Mc Gill qui a su réagir rapidement à notre requête. Monsieur Joe Zackon, responsable des affaires internationales nous a confirmé après vérification, qu'un seul cas lui avait été effectivement rapporté mais que cela était imprécis de part l'adresse de provenance qui n'impliquait pas le ''circuit Mc Gill''. L'affaire serait prise très au sérieux par la police de Montréal qui aurait déjà amorcé une enquête à la suite d'un contact avec le Consulat Général d'Haïti à Montréal qui s'en était plaint. La première édition du tract a été réalisée sur un papier doté du logo du consulat. Les propos ont été amplifiés sur la deuxième.

 

Nous sommes profondément affectés par cette action inqualifiable et sans excuse qui, fait appel à de sévères sanctions. C'est un fait troublant qui nous rappelle les terribles insultes de l'avocat de Québec, nous citons le document du Comité de Discipline du Barreau du Québec : « Il est noir, il est Haïtien. La prostitution, souvent dans ces milieux-là, c'est des ...  ». Qui peut savoir aujourd'hui jusqu'où se sont rendus les niveaux de frustration des victimes et, de haine des détracteurs comme le rédacteur de ce tract ? Cela évoque aussi des points de la requête pour autorisation d'exercer un recours collectif en Cour Supérieure du Québec, de l'État haïtien : «4.29. Les propos racistes tenus par la partie défenderesse ...... sont gratuits, injurieux, dégradants et diffamants; 4.30. Ces propos ont été tenus et rapportés publiquement; 4.31. Ces propos ont eu et auront pour effet de jeter le discrédit sur l'ensemble de la communauté haïtienne qui depuis plus de trois décades se bat contre le racisme et les préjugés raciaux; .... ». Nous avons souvent dénoncé le silence des politiciens du pays, mis à part le maire de Montréal qui avait dénoncé à nos micros, les propos tenus par l'avocat de Québec. Les responsables des Services Sociaux du Québec ni les autorités haïtiennes n'ont encore apporté de l'aide psychologique aux ressortissants haïtiens, que dire de mener une campagne de sensibilisation pour rectifier ou diminuer la portée des effets de ces propos racistes. Nous ne voulons à ce stade, associer les deux faits par effet de causalité, mais nous nous interrogeons sérieusement.

 

Nous avons parlé à plusieurs personnes de la communauté haïtienne, un sentiment de dévalorisation la hante depuis lors, au point de subir le poids des responsabilités des actions de jeunes sous influence. Comme si tout le Québec devrait se sentir coupable pour un ''mam boucher criminel'' ou d'un abuseur sexuel récemment emprisonné. Nous croyons malheureusement que c'est encore l'indifférence qui siègera dans les officines de la diplomatie, de la politique et des Services Sociaux québécois.

 

Nous appelons à la vigilance car, ne dit-on pas que c'est en forgeant qu'on devient forgeron, qui vole un œuf, volera un bœuf ! À force de feindre d'ignorer de telles menaces, arrivera le jour où il sera peut-être trop tard pour réagir. Pour éviter le pire! Ce sont des insensés de ce acabit qui provoquent souvent des réactions en chaîne dans les société. Nous appelons donc les autorités à prendre leur responsabilité. Cela devrait faire l'objet d'une enquête encore plus sérieuse car, une négligence ou un faux-semblant obligerait les autorités à porter le chapeau en cas d'actes regrettables. Le Canada se vante souvent de n'avoir aucun contentieux avec les Noirs. Faudrait-il rappeler que, d'après l'histoire retracée par Denise Beaugrand-Champagne dans le livre sur le procès de Marie-Josèphe Angélique à Montréal, il est démontré que celle-ci a été jetée au bûcher après martyrs, sous simple déclaration (tardive) d'une enfant de cinq ans. Qui aurait pu croire à l'époque, à la naissance d'un nazis, des nazis ? Ne dit-on pas que l'histoire est un perpétuel recommencement, alors cette histoire ancienne nous incite à dénoncer aujourd'hui ce tract très évocateur. Editor 26-28-01-05

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